Je vous ai déjà parlé à maintes reprises par-ci, par-là de cette fameuse pièce intitulée :
SPLONGE, DIEU DE LA TERRE !
Pour le speech explicatif, cliquez ici, et profitez-en au passage pour lire ou relire (pour les visiteurs les plus assidus) le début, ce qui vient en dessous, c'est tout simplement la suite.
Puis, si vous êtes sage, la suite de la suite dans la semaine...
P'tain, ch'uis trop sympa comme gars !
Judith rentre à jardin et va s’installer au bureau.
Judith : (sèche) Encore entrain de répéter votre discours de bienvenu au paradis. Ça devient rébarbatif à force.
Dieu : Ben quoi, je suis désolé, mais je me dois de recevoir mes sujets qui ont trimé durant toute une vie avec les honneurs qui méritent.
Judith : Excusez-moi de vous contredire, Seigneur. Mais, j’ai la vague impression que vous avez tendance à mettre en valeur votre propre personne plutôt que les nouvelles âmes fraîchement débarquées au ciel !
Dieu : Absolument pas ! Seulement, j’estime qu’il est important qu’il sache dès le début à qui ils ont à faire, c’est tout !
Judith : Mais ils le savent déjà.
Dieu : Hein ?
Judith : Vous avez bien crée l’Homme à votre image, non ?
Dieu : Oui, oui, si on veut, mais c’était surtout une manière comme une autre de le valoriser.
Judith : Ah, bon, ce n’est pas le cas, alors ? Remarquez tant mieux parce que quand on voit dans quel état est la Terre et comment se comporte l’être humain, ça me rassure dans un sens.
Dieu : (se dirigeant vers la cuvette des toilettes) Ben quoi, qu’est-ce que vous lui reprochez à ma planète, (se penchant la tête à l’intérieur) elle est comme d’habitude, égal à elle-même depuis des millénaires.
Judith : Vous êtes sûr ?
Dieu : (ressortant la tête) Ah, oui, oui, je vous assure, elle est toujours ronde...
Judith : Et ça vous convient ?
Dieu : Disons que j’avais longuement hésité à faire la Terre en forme cubique, voir pyramidale, ah ouais j’aurai bien aimé. Malheureusement, il a fallu que je respecte le cahier des charges. Il était stipulé que : Toute planète de l’univers sera ronde !
Judith : Et elle est à votre goût ?
Dieu : Bof. Mais j’avais quand même demandé une dérogation. Elle a été refusée, motif invoqué : Uniformité obligatoire des planètes pour raison de fonctionnalité arithmétique cohérente des systèmes stellaires.
Judith : (insistant) C’est comme ça que vous l’aviez imaginé peut-être ?
Dieu : Bon, d’accord, Judith, j’avoue. Peut-être qu’effectivement il fait un poil trop froid au pôle nord et un chouïa trop chaud au Sahara, mais ça reste entre nous.
Judith : (énervée) Je suis sérieuse et votre désinvolture m’exaspère.
Dieu : Diantre ! Serait-ce la genèse d’une insurrection au sein de mon état major ?
Judith : Vous feriez mieux de vous préoccuper de ceux qui sont restés dans ce bas monde, au lieu de vous regarder le nombril et de passer votre temps à trouver des idées plus ou moins originales pour impressionner vos sujets arrivant dans l’au-delà.
Dieu : Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Judith : Hier, extrait du speech d’accueil des nouveaux : (elle l’imite) Vous voyez, moi, Splonge, Dieu de la Terre, je suis capable de faire ceci, cela, je claque des doigts et hop, je fais apparaître ce que je veux ! Tiens toi par exemple, là, qu’est ce que tu sais faire ?... Lire et écrire, mais c’est bien ça, et c’est grâce à qui ?... à l’école ? Faux, à moi qui ai eu la bonté de te fournir des yeux et des doigts ! (redevenant naturel) Lamentable comme démonstration !
Dieu : Bon, ça va bien maintenant, hein ? Je ne sais pas ce que vous avez après moi aujourd’hui, mais vous commencez à me les courir bonbon. Et on ne va pas revenir une fois de plus là-dessus, la Terre est ce que l’être humain en a fait. Point barre !... Si cet abrutit d’Adam n’avait pas croqué la pomme, on n’en serait pas là. Maintenant, l’Homme se démerde. Moi, mon job, je l’ai fait ! Et ce qui se passe en bas, je m’en tape !
Judith : Vraiment ?... Ah, j’ai oublié de vous dire le Big Boss veut vous parler à priori, il n’est pas très content.
Dieu : Qu’est-ce qui me veut ?
Judith : Je ne sais pas. Mais j’ose espérer que le sujet, sur lequel il souhaite s’entretenir avec vous, n’est pas celui que nous venons d’évoquer. A mon avis, il serait fort chagriné d’apprendre que « ce qui se passe en bas, vous vous en tapez ». Mais bon, tant pis, si c’est le cas, il acceptera, la mort dans l’âme, votre démission et il nommera une autre personne « Dieu de la Terre » à votre place.
Silence.
Dieu : Judith, très chère assistante de mon coeur. Pour des raisons encore inconnues, un dysfonctionnement spatio-temporel vient de se produire à l’instant même. La discussion que nous venons d’avoir n’a jamais existée et si par le plus grand des hasards, vous vous souvenez, ne serait-ce que d’un centième des propos émis ; j’aurai le regret d’effectuer une lobotomie des plus douloureuses sur votre cervelle.
Un léger temps s’écoule. Judith sort en courant à jardin, puis revient de la même manière qu’au début.
Judith : (ton léger) Encore entrain de répéter votre discours de bienvenu au paradis. On ne vous changera pas, toujours aussi méticuleux dans votre travail.
Dieu : J’aime votre esprit d’initiative Judith.
Judith : Merci Seigneur.
Dieu : Arrêtez vos singeries et mettez-moi en relation avec le Big Boss.
Judith appuie sur un bouton du transistor en cherchant la bonne fréquence, on entend de la musique, des voix connues (la météo) et on reconnaît le fameux « Ici Londres, les français parlent aux français », puis Judith trouve la bonne station. Changement de lumière.