Dans mon dernier post, vous avez pu découvrir les premières scènes du scénario, intitulé "Le cercueil", qui, j'espère, deviendra un jour un court-métrage joyeusement morbide !
Aujourd'hui, vous avez le loisir d'en lire la suite. Puis il faudra patienter quelques semaines avant d'en connaître la fin...
Ben, oui, paske je l'ai toujours pas écrite...
D'ailleurs, si vous avez des idées à me soumettre, n'hésitez pas !
Y aura pas de royalties à toucher (car on ne se fait pas de fric avec un court), mais toute ma gratitude en échange !
Au fur et à mesure de l'allocution théâtrale du curé, chaque membre du public s'applique à prendre une attitude plus triste et peinée que son voisin.
LE PRETRE
Mes chers paroissiens, nous sommes, ici, réunis en ce triste jour pour nous recueillir et pleurer la mémoire de Pierre. Pierre Vasseur. Cet homme aux qualités immenses et à la générosité légendaire nous a quitté, foudroyé en pleine jeunesse, à l'aube de sa 81ème année. Pierre, cet homme dévoué, au coeur rempli de bonté, était plus qu'un ami. C'était avant tout une âme protectrice à l'écoute de son prochain, toujours prêt à gravir les marches de l'autel du sacrifice pour le bien de sa communauté... c'est à dire nous ! Oh non, non, non... aucun de vos gémissements plaintifs, aucune de vos larmes versées, aucun de vos kleenex usagés, (changement de ton) d'ailleurs si pouvaient éviter de les jeter parterre cela m'arrangerait (retour ton initial) et aucune de vos lamentations suppliciées ne sauront égaler les offrandes gargantuesques de notre regretté martyr. D'ailleurs, souvenez-vous, à notre dernière kermesse paroissiale... Pierre reversa aux restos du coeur les 100 euros, durement gagnés, lors du concours du plus grand mangeur de choucroute ! N'est-ce pas là, une preuve irréfutable que Pierre avait le geste chrétien usuel comme d'autres vont acheter du pain ?... Oui, mes chers paroissiens, peut-être serait-il de bon ton que le pape canonise Pierre Vasseur pour tous ses actes, sa vie, son oeuvre. C'est peut-être, aussi, pour toutes ces raisons évoquées que notre seigneur, tout puissant, a décidé de rappeler Pierre au sein de son royaume.
LA VEUVE
(à sa fille)
Jusqu'à preuve du contraire, la corde, il se l'est mise tout seul au cou.
LE PRETRE
Pierre, qui symbolisait la bonne humeur et la joie de vivre, connaît maintenant les plaisirs du ciel. Et quelque part, après ce passage exemplaire sur Terre, ce n'est que justice pour cet homme de profiter d'une paix éternelle auprès de notre créateur. D'ailleurs, n'existe-t-il pas un vieux dicton populaire qui dit : « Ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont les premiers ».
VIELLE DAME TRES AGEE DANS L'ASSEMBLEE
(marmonnant)
P'tit con.
LE PRETRE
(les yeux vers le ciel)
Non, jamais nous t'oublierons Pierre ! Tu resteras à jamais dans nos coeurs. Maintenant Bernadette, si vous le voulez bien, c'est à vous pour un dernier hommage lyrique.
LA CHANTEUSE
(en chantant)
Il est mort,
Il est mort le soleil !
Quand tu m'as quittée
Il est mort...
Quand tu m'as quittée
Il est mort...
La chanteuse est interrompue par la sonnerie d'un portable.
La veuve, confuse, fouille dans son sac et sort son portable.
LA VEUVE
Allô ?... Parlez plus fort, je n'entends rien... Oui, écoutez, je ne comprends rien à ce que vous me dites et franchement ce n'est pas le moment. Au revoir.
La veuve range son portable dans son sac.
Le prêtre fait signe à la chanteuse de reprendre.
LA CHANTEUSE
Il est mort,
Il est mort le soleil !
De nouveau, la sonnerie du portable retentit. Un brouhaha s'élève doucement de l'assemblée, la chanteuse s'énerve doucement en bougonant.
LA VEUVE
Oui ?... Ah, c'est drôle ça... pardon ?
Le visage de la veuve se décompose au fur et à mesure que la communication avance sous le regard intrigué du public.
La discussion s'éternisant, le prêtre sort une bière de sa soutane et s'allume une cigarette.
Le fossoyeur renifle, puis crache dans la tombe.
LE PRETRE
(discrètement au fossoyeur)
Boris, enfin, un peu de retenu tout de même.
La veuve, toujours portable à la main, relève lentement sa tête en direction du prêtre, le visage décomposé et le regard vide.
LE PRETRE
(inquiet)
Oui ?... Madame Vasseur ?
LA VEUVE
Monsieur Mon Père, le mort, il est pas mort.
LE PRETRE
Hein ?